Parlons du terrorisme (et de Barcelone)

Parlons du terrorisme (et de Barcelone)

Parlons du terrorisme (et de Barcelone)

DerniĂšre mise Ă  jour: 12 octobre 2017

Il est difficile de se mettre à la place de quelqu'un qui a été victime, directement ou indirectement, des récents attentats terroristes à Barcelone. Mais il est encore plus difficile de se mettre à la place de ceux qui vivent le terrorisme au quotidien : ils sont loin de nous et on en sait si peu sur eux.

Ce qui est certain c'est que des milliers de personnes en Irak et en Syrie vivent cette situation chaque jour sans mĂȘme pouvoir imaginer un lendemain dans lequel placer leurs espoirs.



Il semble absurde de donner à une religion entiÚre la responsabilité des actions d'une trÚs petite minorité. Pourtant, les commentaires de nombreuses personnes qui sévissent en ligne nous montrent à quel point cette absurdité est, en fait, une réalité.

Les commentaires haineux se multiplient Ă  chaque nouvelle attaque terroriste. Mais pour comprendre ce qui s'est passĂ© Ă  Barcelone, il faut comprendre ce qu'est le terrorisme et de quoi il se nourrit. Dans ces cas, les messages d'encouragement sont nĂ©cessaires et positifs, mais ĂȘtre bien informĂ© l'est tout autant et ne pas nourrir la haine de ceux qui ne sont pas impliquĂ©s dans les Ă©vĂ©nements.

Le terrorisme est une si grande menace qu'il a besoin d'alliés, pas d'ennemis...

Qu'est-ce que le terrorisme ?

Le premier problĂšme que nous rencontrons rĂ©side dans la dĂ©finition mĂȘme du terrorisme. Actuellement, chaque pays et chaque organisation a sa propre dĂ©finition du terrorisme. Bien que ces dĂ©finitions aient de nombreux points communs, elles sont Ă©galement trĂšs Ă©loignĂ©es les unes des autres sur d'autres aspects fondamentaux. On pourrait dire que la dĂ©finition du terrorisme est politique, car elle rĂ©pond aux intĂ©rĂȘts de ceux qui le crĂ©ent.


L'un des objectifs de la politique devrait ĂȘtre prĂ©cisĂ©ment d'unifier la dĂ©finition du terrorisme. Une conceptualisation internationale qui peut ĂȘtre utilisĂ©e par la police, par ceux qui appliquent la loi et par ceux qui s'occupent effectivement de son application.


Sur la base de ces modĂšles, nous nous rĂ©fĂ©rons Ă  la dĂ©finition de Boaz Ganor, ancien chef du Mossad israĂ©lien, qui propose cette dĂ©finition : « Le terrorisme est une mĂ©thode de lutte violente dans laquelle la violence est dĂ©libĂ©rĂ©ment utilisĂ©e contre des civils pour atteindre des objectifs politiques (nationalistes, socio-Ă©conomiques, idĂ©ologiques, religieux, etc.) ». Selon cette dĂ©finition, le terrorisme est toute attaque contre des civils qui a des objectifs liĂ©s Ă  la politique. Les attentats dont les victimes sont des membres de la police sont considĂ©rĂ©s comme de la guĂ©rilla et non comme du terrorisme.

Les intĂ©rĂȘts du terrorisme

En ce qui concerne les intĂ©rĂȘts du terrorisme, il faut distinguer deux types de mobiles. D'un cĂŽtĂ©, nous avons les motivations individuelles de chaque personne ou terroriste ; d'autre part, les intĂ©rĂȘts de l'organisation terroriste. Pour ces derniers, l'objectif principal est de semer la peur.

Un attentat comme celui de Barcelone, Londres ou Paris, qui peut paraĂźtre totalement alĂ©atoire et impossible Ă  Ă©viter, veut faire passer un message clair : personne n'est Ă  l'abri. Il est naturel que devant cela des personnes, directement impliquĂ©es ou non, aient peur. Cette peur peut cependant devenir chronique et ĂȘtre irrationnelle.

Le but de l'organisation terroriste est donc d'instiller une terreur chronique chez les gens qui les amÚne à ne pas se sentir en sécurité. Une des conséquences immédiates est que la population approuve les mesures de sécurité mises en place par le gouvernement, tout en acceptant que celles-ci conduisent à une diminution des droits et libertés.


Une autre conséquence probable d'un attentat sera de nous amener à nous attarder sur certaines caractéristiques des terroristes, par exemple la religion, et le mépris pour ceux qui ont fait tant de victimes s'étend à quiconque professe cette religion.

En conséquence, les gens feront pression sur leurs gouvernements pour qu'ils prennent des mesures plus strictes qui restreignent la liberté du groupe en question en faveur de la sécurité nécessaire. Cette peur finit donc par se concentrer sur des personnes spécifiques, en particulier sur toute personne qui professe la religion islamique ou qui a des origines arabes.


Et ainsi l'organisation terroriste trouve un moyen de lĂ©gitimer ses actions comme expression d'une noble dĂ©fense des discriminĂ©s, des opprimĂ©s et des marginalisĂ©s. La diffĂ©rence entre « nous Â» et « eux Â» augmente inĂ©vitablement. Le discours de haine conduit Ă  une sociĂ©tĂ© polarisĂ©e, tout en facilitant le travail de ceux qui recrutent des terroristes.

Les intĂ©rĂȘts des terroristes

Les intĂ©rĂȘts personnels des terroristes, en revanche, peuvent ĂȘtre multiples. Chaque personne aura des prioritĂ©s diffĂ©rentes. Rappelant que le terrorisme djihadiste trouve son origine dans une dĂ©formation perverse de l'islam, les intĂ©rĂȘts entretiennent un lien avec les croyances de cette religion. Ce n'est pas pour cette raison que les terroristes sont musulmans, mais malgrĂ© cela leurs motivations sont liĂ©es aux avantages qu'ils veulent apporter Ă  la religion.

Voici donc quelques-uns des "avantages" personnels que les terroristes auront : garantir l'accÚs au ciel, dont 72 huri (femmes vierges) les attendent, obtenir le droit de choisir 70 personnes qui pourront aller directement au ciel à leur mort ( indépendamment de ce qu'ils ont fait dans la vie), prestige pour leurs familles, idéalisation du terroriste mort devenu martyr.


Cependant, comme nous l'avons dĂ©jĂ  vu, tous les intĂ©rĂȘts ne sont pas religieux. Les familles terroristes reçoivent gĂ©nĂ©ralement des sommes d'argent qu'elles ne pourraient jamais obtenir autrement. Les terroristes qui ont participĂ© Ă  l'attentat et qui n'ont pas Ă©tĂ© capturĂ©s reçoivent Ă©galement une reconnaissance et un plus grand niveau de responsabilitĂ© au sein de l'organisation Ă  laquelle ils appartiennent. Enfin, un autre intĂ©rĂȘt commun est le dĂ©sir de vengeance contre ceux qu'ils tiennent pour responsables de leur situation de marginalisation.

Un mĂ©lange de ces intĂ©rĂȘts, ainsi que d'autres, dĂ©finissent les motivations individuelles des terroristes qui, on l'a vu, ne coĂŻncident pas nĂ©cessairement avec celles de l'organisation.

Conseils en cas d'attaque

Bien qu'il soit important d'ĂȘtre conscient de ce qui prĂ©cĂšde, pour le profane sur le sujet, il est encore plus important de savoir quels modĂšles suivre. Nous devons certainement savoir comment rĂ©agir en cas d'attentat terroriste, mĂȘme s'il ne touche pas directement notre zone gĂ©ographique.


Il faut d'abord Ă©couter les experts, la police. Leurs instructions sont les premiĂšres Ă  suivre.

Fournir un soutien via les rĂ©seaux sociaux peut profiter Ă  tout le monde. Comme nous l'avons dit, alimenter les discours de haine, criminaliser des communautĂ©s entiĂšres et soutenir des politiques racistes et intolĂ©rantes revient Ă  jouer le jeu des terroristes. De cette maniĂšre, nous agirons dans l'intĂ©rĂȘt des terroristes.

Il est Ă©galement faux de diffuser des images fortes et morbides. En plus de crĂ©er une peur irrationnelle, ces images peuvent heurter la sensibilitĂ© des personnes directement concernĂ©es. D'autre part, il peut ĂȘtre utile de partager des informations sur le comportement Ă  adopter, des images qui montrent l'union et la comprĂ©hension envers les personnes concernĂ©es directement et indirectement. Nous devons Ă©galement condamner les mauvaises pratiques Ă©numĂ©rĂ©es ci-dessus, les dĂ©noncer ou les ignorer.

Si nous nous retrouvons sur les lieux d'un attentat, les experts donnent les recommandations suivantes : fuyez, cachez-vous et communiquez. Au dĂ©part, il faut s'Ă©chapper et chercher un endroit sĂ»r, ĂȘtre un hĂ©ros peut ĂȘtre contre-productif. Une fois que vous avez atteint un endroit sĂ»r, il est nĂ©cessaire d'informer la police de ce qui s'est passĂ© et d'avertir les connaissances qu'elles ne sont pas en danger. Avant d'avertir, vous devez vous assurer qu'il n'y a pas de danger. Rappelles toi: courir, se cacher, sonner l'alarme.

Aujourd'hui, nous sommes tous Barcelone. Demain nous serons syriens et aprĂšs-demain nous serons afghans. La nationalitĂ©, la couleur, l'origine ethnique ou la religion n'ont pas d'importance. Contre le terrorisme, nous devons ĂȘtre unis. C'est seulement et exclusivement de cette maniĂšre que nous gagnerons des alliĂ©s et perdrons des ennemis.

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