Parfois, la société ou même les circonstances mêmes de la vie nous obligent à agir contre nos souhaits ou même nos valeurs. La souffrance qui découle de ces expériences n'est souvent pas suffisamment prise en compte.
Rédigé et vérifié par le psychologue GetPersonalGrowth.
Dernière mise à jour: Novembre 15, 2021
Nous avons probablement tous vécu une soi-disant angoisse morale à un moment ou à un autre de notre vie. Il apparaît lorsque nous faisons quelque chose qui va à l'encontre de nos valeurs. C'est l'éternelle contradiction entre le devoir et le désir, entre ce qui est dicté par le cœur et ce qui est dicté par les circonstances. La vie coule à travers ces canaux ambivalents où les choses ne sont pas toujours comme nous le souhaiterions.
On pourrait donner mille exemples. Les professionnels de la santé en font l'expérience au quotidien : médecins, infirmières et agents de santé qui travaillent dans des conditions précaires et ne peuvent pas soigner les patients comme ils le méritent. Chacun de nous le vit lorsque, par exemple, nous n'avons pas d'autre choix que de mettre notre grand-père ou un parent atteint d'Alzheimer dans une maison de retraite parce que nous n'avons pas toutes les ressources nécessaires.
Cela arrive aussi lorsque nous emmenons nos enfants à la maternelle parce que nous travaillons et ne pouvons pas être avec eux. Au jour le jour, nous vivons cette souffrance dans laquelle la conscience, les émotions, les valeurs et la contradiction ennuyeuse se heurtent.
Qu'est-ce que l'angoisse morale ?
Le terme « détresse morale » est apparu pour la première fois en 1984 grâce au philosophe Andrew Jameton. C'est lui qui a décrit un phénomène de plus en plus courant dans notre société. Comme l'a expliqué Jameton, l'humanité a atteint un point où les barrières institutionnelles remettent en question nos principes moraux fondamentaux et nos responsabilités éthiques.
Nous vivons cette réalité à cause de la façon dont le marché du travail est structuré, par exemple. On nous permet rarement de concilier vie de famille et vie professionnelle, ce qui provoque une angoisse morale. Nous aimerions passer plus de temps avec notre partenaire et/ou nos enfants. Cependant, des calendriers et des politiques insuffisants constituent un obstacle majeur.
La réalité est claire. Nous ne nous trompons pas en disant que les circonstances actuelles augmentent cette dimension. Le personnel soignant doit faire face à la détresse morale causée par la surpopulation des établissements. Les entreprises et les travailleurs sont souvent confrontés à des situations moralement douloureuses.
Il s'agit aussi de une réalité psychologique difficile à gérer pour beaucoup. Par exemple, lorsqu'un employeur est contraint de licencier certains employés parce que leur entreprise n'est plus rentable, ils entrent dans cette dimension de souffrance personnelle et éthique dévastatrice.
La souffrance que nous ressentons lorsque nous ne pouvons pas agir avec intégrité
Une étude menée par l'Université de Valence montre que la détresse morale a un impact significatif dans le domaine infirmier. Nous sommes confrontés à l'un des plus grands drames humains et sanitaires que l'humanité a vécu et cela affecte de nombreux segments de la population. Sans aucun doute, le domaine le plus touché est celui de la santé.
Ce travail de recherche met en évidence que l'impact émotionnel provient de ces situations dans lesquelles les gens sont incapables de dire au revoir à leurs proches. Les pertes sans adieux sont une grande source de stress. La souffrance qui découle de l'incapacité d'agir avec l'intégrité qu'ils souhaiteraient exige un lourd sacrifice aux professionnels de santé.
L'angoisse morale, quelque chose à laquelle nous ne sommes pas préparés
La détresse morale survient lorsque nous détectons quelque chose qui ne va pas et que nous sommes incapables d'agir comme nous voudrions. En effet, bloquer ce comportement et réprimer notre réponse éthique à un événement particulier va à l'encontre de notre nature même.
Le cerveau est programmé pour détecter les menaces ou les situations à risque et agir en conséquence. Nous pouvons combattre (répondre) ou fuir (fuir pour survivre). Cependant, lorsque nous identifions quelque chose qui ne va pas et que nous sommes incités à "ne pas agir", le stress et la détresse émotionnelle sont activés dans notre corps.
Ne pas pouvoir rendre visite aux personnes âgées en EHPAD dans ce contexte d'alerte sanitaire, par exemple, blesse et contredit nos principes moraux.
Nous savons que ne pas le faire protège leur bien-être, mais même ainsi l'esprit ne peut s'empêcher de ressentir une grande agitation morale. Le manque de contact émotionnel et social avec les membres âgés de notre famille est sans aucun doute dévastateur pour les deux.
La solution est de cultiver la résilience morale
Cynda Hylton Rushton est une universitaire spécialisée en éthique clinique et professeure de sciences infirmières et de pédiatrie à l'Université John Hopkins. Il a introduit un terme qu'il convient de rappeler et de garder à l'esprit : la résilience morale.
Le but de la résilience morale est d'alléger et de gérer la souffrance causés par les défis éthiques et moraux que nous rencontrons au quotidien. Pour travailler sur cette dimension, il faut tenir compte des éléments suivants :
- Nous ne pouvons pas contrôler les circonstances, mais nous pouvons contrôler nos émotions.
- Les émotions que nous ressentons dans des situations qui nous causent une détresse morale ne doivent pas être cachées ou ignorées. Il faut les accepter, les libérer, les gérer et les partager avec les autres pour les normaliser et ainsi avoir plus de contrôle sur eux.
- Nous essayons de ne pas nous punir ou nous juger pour des actions qui ne correspondent pas à nos valeurs. La vie est incertaine et nous ne pouvons pas avoir un contrôle absolu sur notre environnement. Parfois, la meilleure alternative n'est pas la bonne, mais c'est celle qui est nécessaire dans les circonstances.
- Le simple fait de souffrir nous rappelle que nos valeurs et nos principes sont toujours intacts en nous.
- Il est essentiel de partager la douleur que nous avons subie avec les autres. Créez des groupes de soutien et parlez à vos amis et à votre famille cela peut nous aider à faire face à la détresse morale.
Enfin et surtout, il est nécessaire de donner un sens aux défis auxquels nous sommes confrontés. Même dans un monde plongé dans le chaos, beaucoup de choses que nous faisons ont un sens. Peut-être avons-nous aujourd'hui du mal à le trouver, mais demain nous le comprendrons sans doute mieux.